" Mamad tente d'ouvrir les yeux, mais il n'y parvient pas. Ses paupières, gorgées de sel et de sang, refusent d'obéir à son cerveau. Un goût d'hémoglobine traîne sur ses lèvres sèches et bouffies. Le Blanc est méconnaissable. Une épaisse écume blanchâtre auréole les commissures de ses lèvres. Les veines de son cou tendues à se rompre. De grosses gouttes de sueur perlent sur son front, qu'il essuie du revers de sa manche retroussée, entre une calotte et une autre. Mamad n'a plus la force de crier. Du regard, il implore pitié.
Mais le Blanc cogne tel un forcené, tout en crachant ses injures. "
Deux hommes dans un pays d'Afrique non identifié. Laurent Kala, le Blanc, pris de folie furieuse, est sur le point de tuer Mamad, son domestique noir...
Comment les deux hommes en sont-ils arrivés là ?
Mamad White est le benjamin d'une famille nombreuse et monoparentale. Pour faire vivre la famille, sa mère vend des fripes sur les marchés. Mamad est celui sur qui repose tout l'espoir d'une famille, grâce à son exceptionnelle mémoire, il a peut-être une issue : faire des études et mettre la famille à l’abri. Mais comment réussir losqu'on est une victime de la faim ? Il a pensé un temps pouvoir échapper à sa condition précaire, mais le destin en fera le " boy " de Laurent. Laurent Kala est un français expatrié, employé d"une ONG qui milite pour la protection des animaux en voie de disparition. Son père était un humaniste rallié à la cause des Noirs. Il a été tué par un CRS noir, ceci lors d’une manifestation de protestation contre l’assassinat de Martin Luther King. Laurent est depuis, obnubilé par une soif de vengeance.
Il essaye d'échapper à ses démons. Mamad essaye de sortir de la misère.
Entre Haine et Amour, et non sans humour, Louis-Philippe Dalember appréhende ses personnages sans manichéïsme. " Noires blessures " n'est pas une oeuvre révendicatrice et militante, mais avant tout une oeuvre littéraire qui dresse des portraits émouvants d’hommes et de femmes dans un décor africain.
Louis-Philippe Dalembert, Noires blessures, Mercure de France, 221p., environ 16€